Victime d’une chasse trop intense et du développement des armes à feu, le bouquetin avait totalement disparu des alpes suisses en 1809. Il aura fallu attendre très longtemps pour que la Suisse envisage de le réintroduire. C’est finalement en 1906 avec l’aide de braconniers du Val d’Aoste que deux femelles et un mâle ont été capturés frauduleusement dans le massif du Grand Paradis, sur le territoire de chasse personnel du roi d’Italie ! Tout cela avec la bénédiction des autorités Suisses ! Un premier lâcher de bouquetin eut lieu en 1911 dans le canton de Saint-Gall et à peine quelques mois plus tard la première naissance d’un cabri en liberté depuis la disparition de l’animal.
Près d’un siècle après la réintroduction, l’espèce se porte bien et plus de 17’000 bouquetins vivent actuellement dans les Alpes suisses. J’en croise régulièrement lors de mes randonnées et à chaque fois je suis émerveillé. J’apprécie à sa juste valeur la chance que j’ai de pouvoir côtoyer quelques instants le roi des alpes.
Le bouquetin vit dans des lieux où lui seul est capable de survivre, des pierriers balayés par le vent, recouverts de neige la majeure partie de l’année et où seuls quelques brins d’herbes arrivent à pousser dans les anfractuosités rocheuses. C’est tellement impressionnant de voir avec quelle agilité il se promène dans les falaises abruptes en défiant les lois de la gravité. Avec sa démarche lente, sûre et majestueuse, il évoque pour moi la sagesse, le courage, la ténacité et surtout l’espoir. L’espoir que rien n’est jamais perdu et qu’un animal qui a été massacré par l’homme peut aussi être réintroduit avec des mesures de protection et surtout beaucoup de bonne volonté. Alors gardons espoir et savourons la chance qui nous est offerte aujourd’hui de pouvoir (re)observer le bouquetin dans son milieu naturel.
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